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 Le Maghreb par le chaos

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CHIRAZ
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MessageSujet: Le Maghreb par le chaos   Le Maghreb par le chaos Icon_minitimeJeu 19 Avr - 16:10

par Abed Charef
Le Maghreb par le chaos Spacer
Le Maghreb solidaire est oublié. Il laisse la place à un autre Maghreb, construit sous la menace.

Casablanca, Alger, Casablanca. Bientôt, peut-être, d'autres villes du Maghreb. Il y a peu, c'était la Tunisie et la Mauritanie qui subissaient d'autres drames.

Des coups portant un label qu'on attribue à El-Qaïda. Et c'est ainsi que le Maghreb est en train de se faire: une construction par le bas, dans le chaos, la violence, la crainte et la contrainte.

C'est donc un autre Maghreb qui est en train de s'imposer. Loin, très loin des idéaux proclamés depuis bientôt un siècle, et rappelés dans tous les discours de circonstance. Dans les années 1920, déjà, le premier mouvement nationaliste algérien moderne s'installait dans une perspective résolument maghrébine, en se choisissant pour nom «l'Etoile nord-africaine». Abdelhamid Mehri rappelle quant à lui, régulièrement, que le 1er Novembre visait à restaurer l'Etat algérien souverain, démocratique, dans un cadre nord-africain, et que si le premier objectif a été atteint, les deux autres restent à conquérir.

Cet objectif maghrébin qui fait consensus, du moins dans le discours, semble donc s'éloigner avec le temps, car les années creusent davantage le fossé entre Maghrébins qu'elles ne comblent leurs différends. La solidarité de la première moitié du 20e siècle a laissé place aux choix divergents des décennies suivantes. Et peu importe qui est coupable et qui est responsable, car le résultat est là: un des espaces les plus prometteurs dans le monde arabe est devenu un espace de division inutile que seul le chaos menace de réaliser.

Face à cette réalité, le reste apparaît si dérisoire qu'il est presque gênant d'en parler. Dire que le roi Mohamed VI a fait preuve d'habileté en envoyant un message de condoléances au président Abdelaziz Bouteflika à la suite du double attentat du 11 avril manque d'élégance. Noter que le Maroc a été rattrapé par un phénomène que sa presse considérait naguère comme une exclusivité algérienne ne signifie pas grand-chose non plus. De même apparaît-il superflu d'insister sur le fait que le terrorisme au Maghreb a changé de label, en passant sous la coupe d'El-Qaïda, et que la région fait face aujourd'hui à un autre type de violence. Comme si la violence antérieure était moins destructrice.

En fait, le fond du dossier maghrébin reste le même. Le Maghreb avait plusieurs possibilités de se construire. Il les a ratées, en éliminant les meilleurs choix, pour glisser progressivement vers les options les plus dangereuses, et aboutir finalement au choix du chaos.

Initialement, les pays maghrébins avaient la possibilité d'aller à un ensemble régional de leur propre volonté, pour allier leurs forces et mettre ensemble leurs capacités. C'était le choix du cœur et de la raison, celui de l'ambition et de l'espoir. Il a été éliminé par des systèmes bureaucratiques incapables de dépasser leurs propres limites. Préférant fermer les frontières, insister sur les divisions, et se réjouissant des problèmes du voisin, ils ont développé des stratégies dévastatrices pour chacun d'eux. Incapables de négocier ensemble face à l'Europe, ils sont tous en train de rater le virage de la mondialisation, même si certains pays estiment mieux s'en tirer que d'autres, pour des raisons strictement conjoncturelles.

Quand ce constat est devenu évident, l'Europe s'en est mêlée. Elle voulait à la fois contenir le terrorisme dans la rive sud de la Méditerranée, et contrôler l'émigration, maghrébine et africaine, qui se déversait au nord. Elle a voulu pousser les pays maghrébins à coordonner leurs efforts, pour construire un Maghreb qui servirait un jour d'amortisseur à l'émigration et au terrorisme, en prenant en charge le volet sécuritaire de l'émigration illégale. L'Europe était prête à offrir une contrepartie, humiliante, pour y arriver. Mais elle a échoué à son tour. Mais si elle n'a pas réussi à imposer cette option qui privilégie ses intérêts en premier lieu, ce n'est pas en raison d'une opposition des pays maghrébins soudain devenus lucides, mais à cause d'une incapacité de systèmes politiques, inaptes à tirer profit d'une conjoncture favorable. C'est alors que les Américains sont arrivés, avec leurs généraux et leurs plans stratégiques globalisants. Le Sahara, le Sahel, le terrorisme international, les immenses espaces de non-droit: tout ceci est devenu à la mode du moment. Les Etats-Unis, disait-on, voulaient s'occuper de l'Afrique, y créer un commandement militaire de type nouveau, et confier aux pays maghrébins un rôle dans cette stratégie.

L'option américaine n'a pas été évacuée, qu'une autre, encore plus dévastatrice, risque de la supplanter. Celle du chaos, de la violence et de la dévastation. Et là, enfin, les pays maghrébins se sont réveillés, affirmant qu'ils étaient prêts à travailler ensemble. Ils sont prêts à faire coopérer leurs services de sécurité pour faire face au terrorisme. En réalité pour survivre.

Faut-il trouver un lien entre l'option américaine et celle du chaos ? S'il est trop tôt pour le dire, on peut cependant noter qu'elles se renforcent mutuellement. L'option américaine devient «légitime» si le terrorisme d'El-Qaïda se répand. Mais là où la présence américaine s'est affirmée, en Afrique et dans le monde arabe, le terrorisme s'est également installé de manière structurelle. Comme si la violence et la présence américaine constituaient deux éléments inséparables.

En tous les cas, pour le Maghreb, la perspective est bien réelle. L'édification maghrébine «positive», celle de l'ambition, de la raison, de la réflexion et de la défense des intérêts communs, ne s'est pas faite. Elle semble même abandonnée. La construction maghrébine risque donc de se faire sous la pression du duo présence américaine - menace terroriste. Et à défaut du Maghreb souhaité, celui de la solidarité, on risque d'avoir un Maghreb réalisé par le bas, sous la pression conjuguée de la violence et d'une décision politique extérieure.
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